Pablo Krantz : « Le saint cleptomane et la fille au vagin doré ».

Éditions « Les petits matins », 146, Bd de Charonne 75020 Paris.

www.pablokrantz.com

Pablo Krantz, écrivain et chanteur argentin installé à Paris depuis environ 5 ans.

Le saint Kleptomane et la fille au vagin doré

« Le saint cleptomane et la fille au vagin doré » n’est pas comme pourrait le laisser penser le titre un album de bande dessinée mais un recueil de nouvelles. Pablo dont le dernier album s’appelle « Les chansons d’amour ont ruiné ma vie » s’inscrit clairement dans une veine de personnage latin, romantique, tout en y ajoutant une touche Rock and Roll de part ses influences musicales allant du punk à la folk des années 70.

Son recueil peut se diviser en 2 parties: une clairement autobiographique dans le sens de ce que l’on appelle le « récit de vie », cette partie parlant de sa jeunesse dans le ville de Buénos Aires, et l’autre plus surréaliste, étalant les réflexions de Pablo sur des thèmes comme le voyage, la mort, les amis ou encore le temps qui passe. Il est a noté que cette dernière partie se situe en France, à une époque où Pablo a fui les problèmes économiques et politiques de son pays.

Pour illustrer la première partie du livre j’ai choisi la nouvelle « Mes expériences dans le monde de la subversion ». Ici Pablo est adolescent et nous raconte son quotidien souvent nocturne dans la capitale argentine. A cette époque c’est la fin de la dictature et la jeunesse argentine s’ouvre au monde, un monde symbolisé pour Pablo par le Rock and roll. Ainsi à Buenos Aires un embryon de scène politico culturel underground voit le jour et Pablo est aux premières loges. De sombres histoires avec une police encore répressive et de multiples achats de cassettes venu d’Europe au son horrible constitue la trame de cette nouvelle. C’est ici le croisement d’un contexte sociopolitique encore pesant avec un contexte culturo poétique naissant complètement opposé qui est vraiment intéressant. Ceci servi par un humour noir et tendre omni présent où l’auteur se moque autant de lui et de sa jeunesse que des clones Punk, Gothique etc qui commence a remplir les salles de concert indépendante.

La deuxième partie plus surréaliste sera ici illustrer par la nouvelle « Saison fantôme »où un personnage en proie a son passé (Pablo?) prends pour la première fois un train dans le sens inverse de l’habitude et commence a revoir à l’intérieur d’un wagon sa vie défiler, ses liens a ses amis disparaître sous l’effet d’un méticuleux jeu mental… Une expérience poussant le personnage jusqu’au frontière de la folie, un personnage finissant ici par atterrir au final dans un village de province inconnu où il commencera a se demander qui il est, ce qu’il a reelemment vécu et ce qui lui reste à vivre. Une nouvelle beaucoup plus noire et introspective donc que la première présenté.

Le livre de Pablo constitue une forme de boucle sur sa vie, souvent traité avec beaucoup d’humour et un réel talent d’écriture et de simplicité dans l’écriture. Un coté chaud et touchant dans l’univers, les mots, les images…Ses descriptions de Buénos Aires en formulant un bon exemple. Son prochain ouvrage « Paul et Nadia » sera une aventure divisée en plusieurs tomes éditée en littérature jeunesse mais qui est évidemment destiné a tous.

« On apprenait, dix ou vingt ans après, qu’il existait des groupes comme Joy Division ou les Stooges parce qu’on lisait un article écrit par quelqu'un qui avait lu un autre article, ou parce qu’on nous prêtait une cassette enregistrée à partir d’une autre cassette enregistrée. Les bons disques n’étaient jamais édités en Argentine. Certains privilégiers s’achetaient des vinyles anglais ou américains (cinq fois le prix d’une édition nationale); il y avait aussi des choses qu’on pouvait trouver à des prix tolérables (deux fois celui d’une édition nationale) en version brésilienne. Sinon, il restait toute cette collection de cassettes enregistrées, aux marques insolites et au son cauchemardesque, que l’on vendait dans certaines galeries du centre et qui représentaient notre trésor et jusqu’à cinquante pour cent de notre personnalité (c’est-à-dire qu’à l’époque même notre personnalité avait ce «bruit de souffle », ce chuintement de cassette). »